La corruption gangrène l'ensemble du système de la santé au Maroc. Elle dépasse les bornes dans certains établissements publics et privés de santé, selon les différentes organisations nationales et internationales Anti-corruption.
La corruption dans la santé occupe la troisième place juste après la police et la gendarmerie, selon Transparency Maroc (TM). 4 personnes sur 5 interrogées considèrent que la corruption est courante à très courante dans le domaine de la santé et 40% des personnes interrogées déclarent avoir payé pour des services censés être gratuits, 59% simplement pour être admis ou être examinés.
Les patients et les citoyens font souvent recours à ce qu'on appelle « tadouira » ou « kehioua» pour faciliter l'accès aux organismes de santé et accéder aux soins et les services médicaux gratuits, censés être un droit pour tout citoyen marocain, (l'accueil, l'orientation, l'information, soins initiaux, les urgences et la délivrance des certificats médicaux).
Cette frome de corruption est généralement déclenchée par le patient ou de son proche, ou encore, suite à une extorsion exercée par le personnel de santé.
Selon une étude faite par l'Instance nationale de probité, de prévention et de lutte contre la corruption, les montants des pots-de vin sont à 75% inférieurs à 100 DH, dont la prépondérance des montants compris entre 20 DH et 50DH, tandis que les petits pourboires les plus répandues entre les patients et les agents de services hospitaliers sont limités à 20 DH.
L'étude a identifié également que la corruption dans ce secteur peut prendre différentes formes.
Les principales formes peuvent être : En numéraire ( argent), les avantages en nature comme les cadeaux ou pourboires, le favoritisme qui se manifeste par l'abus de position dominante par des professionnels de santé via des faveurs qui leur sont accordées, directement, aux membres de leurs familles, leurs amis ou leurs collègues, ou indirectement à travers un intermédiaire ou une personne influente (Responsables ; Directeurs , administration centrale, élus,…) sans considération du mérite ou de l'équité.
Ces faveurs accordées ne se limitent pas seulement aux prestations rendues dans le cadre de l'offre de soins et aux médicaments, ils peuvent prendre une autre facette, quand il s'agit de la corruption financière liée à des modes transversaux de gestion (affectation du personnel de santé, mutation, promotion, marchés publics)
Parmi les formes que prend la corruption dans les établissements de soins, on cite la Gratification lorsque le paiement est initié par le patient à titre volontaire et non exigé par le personnel de santé, pour être privilégié par rapport aux autres patients en quête à un service sans pour autant être exposé au file d'attente et à la fatigue.
La sur tarification est une forme de corruption, quand un patient paie pour un service plus que ce qu'il ne doit payer (poches de sang, les couveuses pour les bébés prématurés,…) ou dans le cadre d'un traitement abusif (facturation de services de soins non réalisés (transfusion sanguine, injections, ou analyse et radio.)
Ces conduites corruptives sont omniprésentes aussi bien dans le secteur privé que le public, dont fait preuve des médecins chirurgiens qui s'enrichissent sur le dos des patients par l'abus d'extorsion et de chantage.
A en croire que, l'étude faite par le ministère de santé, révèle que 3 personnes sur 10 ont avoué avoir donné la fameuse « tadouira » pour bénéficier des prestations de soins ,ce qui place ce secteur de la santé en troisième position après la gendarmerie royale et la sécurité nationale, selon les indicateurs affichées par Transparency Maroc le mois janvier dernier.
Les hôpitaux publics affichent les montants de la corruption les plus élevés dans les grandes agglomérations par rapport aux moyennes et petites villes, par exemple, la Ville de Rabat est caractérisée par des pratiques de la corruption liée à l'octroi des certificats médicaux (72%), à l'admission aux établissements de soins (59%) et à la planification des interventions chirurgicales (55%). Suivie par la ville de Casablanca en deuxième lieu enregistrant un taux de corruption entre 50% et 75% au niveau de toutes prestations, (accès à l'établissement, information, consultation chez le médecin, délivrance de certificat, planification des interventions chirurgicales, analyses, médicaments.)