On brandit avec fierté par-ci, par là que le RAMED, couverture médicale des personnes en situation de vulnérabilités, a atteint sa cible avec 9,2 millions de Marocains qui profitent désormais de ce régime !
Sur le papier, le RAMED est une excellente idée, mais sur le fond, la réalité est tout autre, selon plusieurs spécialistes et syndicalistes du secteur de la santé.
Le gouvernement a mis en place un système déséquilibré avec beaucoup de promotion et sans mettre en place les moyens nécessaires pour que l'offre puisse répondre à la de demande.
Dans son étude sur le programme du Ramed, Hicham El Moussaoui, maitre de conférences en économie à l'université Sultan Moulay Slimane a identifié plusieurs lacunes qui ont influé fortement la crédibilité de ce régime.
Selon Hicham El Moussaoui, le dysfonctionnement de ce système qui est dû principalement au manque des moyens qui lui sont nécessaires menacent non seulement la réussite de cette initiative, mais aussi sa pérennité. En effet, avec 1 médecin pour 10 000 habitants, 6 lits pour 10 000 habitants en moyenne et un nombre de personnel paramédical de 2,2 pour 1000 habitants, il n'est pas étonnant que le RAMED ne soit plus éligible pour plusieurs prestations et soins dans plusieurs établissements hospitaliers.
De plus, pour se faire soigner, les citoyens sont souvent obligés de se déplacer hors de leur région pour se rendre à un CHU déjà surpeuplé. Ils font face à des difficultés d'accès aux services de soins avec des délais de rendez vous éloignés, malgré qu'ils détiennent la carte Ramed, selon El Moussaoui.
La responsabilité première de l'échec du Ramed incombe au gouvernement qui est incapable d'honorer ses engagements financiers, selon cette étude. Ainsi il n'a pas injecté de fonds dans ce système depuis deux ans, il n'a jamais inscrit le RAMED dans son budget annuel. Ce qui a d'ailleurs incité l'UE à refuser de continuer à financer ce régime en raison de son manque de visibilité et de transparence.
Selon la dernière étude de l'Agence nationale de l'assurance maladie obligatoire (ANAM), le taux de retrait des cartes de catégorie « Vulnérables », au titre de l'année 2015, a été de 29,5%, en régression de trois points par rapport à l'année 2014. Ce taux n'a d'ailleurs pas dépassé les 33,6% depuis 2009. L'explication, c'est que ces personnes estiment que le montant de la contribution financière de 120 dirhams par personne bénéficiaire avec un plafond de 600 dirhams par ménage est exorbitant. Cette situation impacte encore plus la pérennité de ce système.
Au delà des problèmes de financement, toujours selon l'étude, les Ramédistes sont confrontés à une rigidité administrative pour pouvoir bénéficier de ce programme. A cela, il faut ajouter la faiblesse du rôle des centres de santé en termes de prestations de soins, le manque de médicaments, d'équipements de diagnostic et le manque de personnels.