Après les hôpitaux et le RAMED, les facteurs d’effondrement de l’AMO
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01 juin 2015
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Par : pharmapresse
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Alors que les professionnels de santé, les syndicats professionnels de santé, la société civile notamment le réseau marocain du défence du droit à la santé -droit de la vie et le collectif pour le droit à la santé tirent la sonnette d'alarme depuis plusieurs années sur la gestion de notre système de santé , il aura fallu attendre les rapports des institutions étatiques telles que le conseil économique, social et environnemental (CESE) au Maroc, la cour des comptes et les alertes répétées de plusieurs autres organismes pour que les pouvoirs publics accèdent enfin à leurs constats. Le constat d'un système de santé qui vit une crise structurelle continue et prévisible reproduisant les inégalités.
En effet, nous savions que l'échec plane sur le système d'assurance maladie pour les démunis " RAMED" . L'absence d'un budget conséquent et l'insuffisance des ressources humaines et logistiques dans les hôpitaux publics poussent nombreux hôpitaux marocains au bord de la faillite ou de la cessation de paiement. Les soins dispensés par les CHU aux patients bénéficiant du RAMED ont représenté un manque à gagner de l'ordre de 10 milliards de dirhams durant l'année 2014, ce manque va augmenter encore plus durant l'année 2015.
Aujourd'hui, on a encore mis en péril et de façon très grave un autre regime de santé, c'est le régime d'assurance maladie obligatoire (AMO) qui est géré par la CNOPS. Non, ceci n'est pas une alerte provenant d'un organisme extérieur, mais plutôt du directeur général de cette caisse, Monsieur Abdelaziz Adnane, lors du dernier conseil d'administration du lundi 15 juin. Selon le directeur, le rythme des dépenses relatives à l'AMO ne cesse de s'accélérer, alors que les cotisations stagnent à moins de 400 DH. L'achat de médicaments a dépassé les 33% des dépenses depuis la fermeture des pharmacies de la caisse, car cette dernière ne peut plus obtenir des prix préférentiels directement auprès des laboratoires pharmaceutiques et par conséquent, la CNOPS est obligée d'acquérir les médicaments à des prix élevés. Ces dépenses vont augmenter encore plus par l'extension de l'AMO aux soins dentaires qui devrait intervenir dans les mois à venir. Vu l’état actuel des choses, la CNOPS court au suicide, selon le directeur général.
L'approche globale de sortie de crise, Selon lui, est de réduire au maximum le prix des médicaments notamment ceux des maladies chroniques. Parmi les mesures préconisées à cet effet, la révision à la baisse des prix des médicaments, surtout ceux relatifs aux maladies chroniques et coûteuses en accordant une plus grande marge aux laboratoires pharmaceutiques , la mise à l'écart et l'abandon des organismes d'autorisation de la vente des médicaments notamment l'organisme de l'AMM qui siège au sein de la commission chargée de fixer la liste des médicaments remboursables du CNOPS ainsi l'adaptation du panier des soins à la liste des médicaments obligatoires telle que fixée par l'OMS.
Les affectations de longue durée (ALD): le défi majeur !
La situation à laquelle nous sommes arrivés était prévisible selon de nombreux spécialistes, c'est tout notre système de santé qui doit être réformé et repensé. Le système de santé Marocain est basé sur le traitement des maladies ( médicament..etc.) et pas sur la prévention de ces maladies. Aujourd'hui, le Maroc doit faire face à l'émergence d'une épidémie de maladies chroniques non transmissibles. les maladies chroniques représentent donc le défi majeur auquel est confronté l'AMO et les autres caisses d'assurance maladie.
Selon les données de l'Agence nationale de l'assurance maladie obligatoire (ANAM), 46% de la population marocaine ne bénéficie pas encore d'une couverture médicale de base. Une chronicité confirmée par le CESE, Selon le rapport du conseil économique, social et environnemental (CESE) sur le secteur de la santé au Maroc, le financement de la santé au Maroc est fondé sur une couverture médicale de base « en constante progression » mais « reste insuffisant au regard du niveau encore élevé des dépenses des ménages en matière de santé ». Ce système devrait faire face à l'explosion de la facture des soins dues aux coûts de la prise en charge des Affectations de longue durée (ALD), en plus , le Maroc connaît une transition épidémiologique avec un transfert de la morbidité due aux maladies transmissibles et aux problèmes de la période périnatale vers les maladies non transmissibles (MNT) et les traumatismes. Le résultat de cette transition épidémiologique va se caractériser par une explosion de la facture des soins, d'ailleurs, 75% des causes de décès sont liées désormais aux MNT, un des pourcentages les plus élevés de la région MENA. Les cancers sont responsables de 12% des décès par MNT, et par conséquent, le premier déficit financier serait observé en 2016 pour le régime AMO géré par la CNSS et en 2015 pour le régime AMO géré par la CNOPS. Les maladies chroniques représentent donc le défi majeur auquel est confronté le système de la couverture médicale de base (les dépenses liées aux ALD ont représenté 51% des dépenses globales de l'AMO, en 2012, bien que ne concernant que 3,3% des assurés ! ). Dans ce sens, le CESE préconise une politique volontariste de lutte contre les facteurs de risque de ces maladies, notamment le tabagisme, la sédentarité et les mauvaises habitudes alimentaires et appelle aussi à la maitrise des coûts de la prise en charge des ALD. Ceci passe par la baisse des prix des traitements, des médicaments souvent onéreux.
